Allez chez le “psy” : oui, mais lequel ?
Dans le langage courant, le mot “psy” recouvre différents types de praticiens qui peut amener à une certaine confusion pour toute personne qui cherche à trouver le thérapeute qui lui convient. “Psychologue”, “Psychothérapeute”, “Psychiatre”, “Psychanalyste”, “Coach en psychologie”, “Thérapeute en psychologie positive” … Comment se différencient-ils et comment s’y retrouver ?
Avoir un “bon feeling” avec son praticien ne suffit pas toujours
Lorsque l’on cherche un praticien spécialisé en santé mentale, il est important de s’assurer de son titre, de sa formation et de sa spécialisation. Pour quelle raison ? Car malgré la croyance répandue qui consiste à penser qu’avoir un bon “feeling” avec son thérapeute suffit, en réalité vous êtes amené à lui confier votre santé mentale et votre bien-être psychologique : s’assurer alors de la validité et de la qualité de son accompagnement (niveau de diplôme, titre reconnue par l’état et l’agence régionale de santé, spécialités, formations) est une étape fondamentale. En effet, même si l’alliance thérapeutique est importante, en fonction du type de soins/accompagnements recherchés, elle n’est pas toujours suffisante selon le type de soins recherchés. Il arrive parfois que certains, notamment derrière les réseaux sociaux, profitent de la vulnérabilité psychologique de personne en souffrance pour leur proposer des services sans même avoir de formation ni de titre reconnu dans la pratique d’accompagnement psychologique. Il est donc important de s’informer correctement. Cet article est là pour ça.
1) Trois titres professionnels de “psy” protégés par la loi en France : “psychologue”, “psychiatre” et “psychothérapeute”
Psychologue : un diplôme universitaire et un titre reconnus par l’état
Le psychologue est un professionnel de la santé mentale qui a réalisé un diplôme universitaire durant 5 années d’études supérieures en psychologie. Il bénéficie d’une formation scientifique, riche et complète sur le comportement humain, le psychisme ainsi que des connaissances et savoir-faire solides sur les méthodes d’accompagnement psychologique (techniques d’entretiens, tests psychologiques, thérapies brèves, etc.). Au cours de ce cursus, il effectue une spécialisation en master (psychologue clinicien, neuropsychologue, psychologue en développement de l’enfant ou de la personne âgée, psychologue du travail et des organisations, psychologue social, etc.) ainsi que des stages supervisés de fin d’études obligatoires d’une durée minimum de 500 heures pour valider son titre de psychologue. Pour accéder à la profession, ces travaux de fin d’étude (mémoire professionnel) sont défendus et examinés par un jury composé d’universitaires et de psychologues. Les thérapies proposées par les psychologues ne sont pas remboursées par la sécurité sociale mais certaines mutuelles peuvent remboursées partiellement les soins. Il bénéficie d’un numéro ADELI et son activité est enregistré au sein de l’ARS.
Docteur en psychologie : le plus haut diplôme universitaire en psychologie
Certains psychologues obtiennent le grade de “docteur en psychologie” après avoir effectué un doctorat de recherche, c’est à dire au moins 8 années d’études (3 années d’études supplémentaires minimum après l’obtention de leur titre de psychologue). Un docteur en psychologie est donc un psychologue particulièrement expert d’une ou plusieurs thématiques psychologique. Ce diplôme est obtenu après la rédaction et la soutenance d’un thèse en psychologie devant un jury d’universitaires, d’experts scientifiques et de professionnels. Certains docteurs en psychologie poursuivent leur carrière dans la recherche privée ou publique, à l’université ou bien pratiquent en libéral ou comme salariés. Attention, le docteur en psychologie n’est toutefois pas médecin. Il possède un doctorat en psychologie mais pas un doctorat en médecine.
Psychiatre : un médecin spécialisé en psychiatrie et un doctorat en médecine reconnu par l’état
Les psychiatres sont des médecins qui ont une spécialité universitaire en psychopathologie et/ou psychopharmacologie. Ils gèrent les troubles mentaux et des maladies mentales qui requièrent souvent la prescrire des traitements médicamenteux. Le psychiatre coordonne les soins et effectue un examen tant mental que physique. Le psychiatre est autorisé à prescrire des médicaments, des soins complémentaires (bilan sanguins, IRM, etc.) et des arrêts maladie ce que ne peut pas faire le psychologue qui lui propose davantage des thérapies. Les honoraires du psychiatre sont remboursées en totalité ou partiellement par la Sécurité Sociale, le psychologue ne bénéficie pas de convention de ce type.
Psychothérapeute : un médecin spécialisé en psychiatrie et un doctorat en médecine reconnu par l’état
Le psychothérapeute est un praticien en “psychothérapie” qui signifie « soin de l’âme » et reconnu pour “soigner par la parole”. Avant 2004, il n’existait pas de loi protégeant ce titre de psychothérapeute. Cependant, le dernier décret de 2012 règlemente l’utilisation du titre. Il précise que les psychiatres et les psychologues peuvent le demander ce titre de droit et aux vues de leur formation. Toutefois, tout médecin non-psychiatre, psychanalystes non-psychologue et autres professionnels de la relation d’aide sont dans l’obligation de suivre des formations complémentaires et des stages. Malgré l’encadrement légal de ces différents titres, le manque de contrôle en France exige une prudence de la part des patients. Pour soulever tout doute, vous pouvez vérifier l’inscription du praticien auprès de l’Agence Régionale de la Santé et lui demander son numéro ADELI.
ATTENTION : Même si ce titre est aujourd’hui protégé, nombreux sont ceux qui pratiquent la psychothérapie sans détenir officiellement le titre de psychothérapeute : “coach en psychologie”, “thérapeute en psychologie positive”, “thérapeute holistique”, “coach de vie”, “analyste” “thérapeute en gestalt” “psychopraticien”, “hypnothérapeute”, etc. et font l’objet d’un délit d’usage illégal du titre de psychothérapeute. Souvent, ces personnes sont désireuses de pratiquer une activité d’aide, cherchent à trouver du sens dans une réorientation professionnelle, réalisent une reconversion et une formation de quelques semaines non reconnue par la loi. De plus en plus utilisent également les réseaux sociaux pour “vendre” leur compétence auprès d’une communauté en parlant de sujets de santé mentale et de thématiques psychologiques. En maniant la communication digitale, il est devenu facile de se faire une notoriété. Malheureusement, depuis la pandémie, de nombreuses orientations sectaires ont été détectées au sein de milieu du “bien-être”. Même si certaines associations de régulation existent, il reste important de bien s’informer lorsque l’on confie sa santé mentale à quelqu’un.

Les autres praticiens détenant des titres non réglementés
Psychanalyste : il peut être psychologue ou psychiatre comme ne pas l’être !
Un psychanalyste est un praticien qui est spécialisé en orientation psychanalytique et peut appartenir à différentes écoles (Freud, Lacan, etc.). Il propose à ses clients, souvent allongés sur un divan, des longues cures psychanalytiques afin d’explorer la vie consciente et inconsciente et très souvent l’enfance pour résoudre des conflits. Pour devenir psychanalyste, le praticien doit avoir lui même réalisé une psychanalyse de minimum 5 ans, autrement dit l’obtention de son titre est soumis à la validation de ses paires. Cette pratique n’est pas réglementée et souvent onéreuse du fait de étalement dans le temps. La psychanalyse tient une place encore forte en France et en Argentine. Il est possible qu’un psychologue ou un psychiatre soit également psychanalyste. Le patient doit donc se demander si c’est ce type de thérapie qu’il souhaite entreprendre ou s’il a besoin de s’orienter vers des thérapies plus courtes et plus brèves.
Thérapeute en…psychologie positive, TCC, PNL, hypnothérapeute : une formation brève et non réglementée
Il existe aujourd’hui de nombreuses formations non-académiques de quelques semaines en “psychologie positive”, en “Programmation Neuro-Linguistique”, “Thérapies Cognitivo-comportementale”, “hypnothérapie”, “gestalt thérapie” etc. Ces formations peuvent être des compléments et spécialités à des diplômes de psychologue. Toutefois rien n’interdit qui que ce soit d’effectuer ce type de formation très courte au sein d’école privées ou d’organismes de formation digitaux et d’en faire l’usage qu’il souhaite. Cependant, très peu de praticiens sont suffisamment formés aux connaissances psychologiques, scientifiques, épistémologiques et éthiques de ces multiples approches. Il arrive également que certains s’autoproclame thérapeute par exemple à la suite d’un traumatisme ou d’un évènement de vie qu’ils ont (ou pensent avoir) surmonté. Au regard du nombre croissant de ces praticiens depuis la santé, il est essentiel de rappeler que ces formations devraient être perçues comme des outils complémentaires utilisés par des professionnels en santé mentale et non comme des professions uniques.
Comment faire mon choix pour consulter un professionnel en santé mentale et psychique ?
1) Réaliser une évaluation formelle : formation, titre professionnel et diplôme
Avant d’entamer un accompagnement, vous pouvez vérifier :
1) la formation, qualification et le titre professionnel du praticien (psychologue, psychiatre, psychothérapeute) ou l’absence de titre professionnel réglementé, comme présenté précédemment dans cet article.
2) Le numéro ADELI du professionnel (gage d’un référencement au sein de l’Agence Régionale de Santé qui vérifie les diplômes universitaires) ou être en accord avec le fait que sa profession ne soit pas réglementée.
3) Demander au professionnel son parcours et son titre s’ils ne sont pas précisés ou suffisamment clairs.
2) Réaliser une évaluation subjective : “feeling”, avis, rencontre
Avant de vous engager dans un accompagnement au sein duquel vous allez vous livrer et certainements effectuer plusieurs séances, vous pouvez réaliser une première séance afin de vérifier que vous vous sentez en confiance avec le professionnel. Ce fameux “feeling” est à la base de toute alliance thérapeutique. Cette relation doit permettre une collaboration mutuelle et un partenariat entre le thérapeute et son patient. Par exemple, toute forme de jugement mal placé n’a aucunement sa place lors d’un accompagnement psychologique. Vous devez vous sentir écouté, compris et non jugé. De plus, demandez-vous si l’entretien était clair, bien organisé et vous a permis de clarifier votre situation ? Est-ce que le thérapeute vous a présenté une méthode de travail et des outils ? Le thérapeute était-il bienveillant et empathique ? Vous pouvez également tenir compte des avis de vos proches ou d’autres professionnels de santé vis à vis du thérapeute.
Enfin, n’ayez pas peur de vous lancer car parfois parler c’est déjà guérir 🙂
Sophie Thibauville, Dr. en psychologie – psychologue